Le 7 septembre 2021 dernier, le Salvador, un petit pays pauvre d’Amérique centrale, est devenu le premier pays au monde à adopter le bitcoin comme monnaie légale. La décision a été vivement critiquée par les États-Unis et le Fonds monétaire international (FMI). Le bitcoin peut-il aider les pays pauvres à se développer économiquement ?
Créé en 2008 en réaction aux politiques des banques centrales lors de la crise des “subprimes”, le bitcoin se veut une alternative crédible à un système financier en perte de confiance. La crise du COVID-19 et la politique monétaire des banques centrales occidentales ont sévèrement fragilisé la confiance envers les monnaies étatiques.
Des monnaies qui s’effondrent
Le Liban, subit une crise économique majeure. Selon l’agence de presse Reuters la livre libanaise a perdu 90% de sa valeur en moins de deux ans. L’inflation a atteint 85,5 % en 2020. Le pays est en défaut de paiement et le système bancaire s’est effondré. Plus de 55 % de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté contre 28 % en 2019. Pour éviter les bank-runs, les banques libanaises ont bloqué puis restreint l’accès aux comptes de leurs clients. Autre exemple dramatique de l’effondrement des monnaies, le Venezuela. Le pays est en proie à une hyperinflation, c’est-à-dire une hausse extrême des prix. L’hyperinflation a atteint 400 000 % en 2018, près de 10 000 % en 2019 et 3 000 % en 2020.
Une épargne qui se perd
L’hyperinflation a généralement des conséquences dramatiques pour les épargnants. Elle mène à une lente destruction de l’épargne. L’augmentation d’argent en circulation affaiblie sa valeur et contribue ainsi à la perte du pouvoir d’achat de la population dans le temps. Pour protéger leur épargne, les citoyens en proie aux crises inflationnistes peuvent se tourner vers le bitcoin, une monnaie dure dont l’émission monétaire est déflationniste.
La dévaluation de la monnaie
La banque centrale du Nigeria (BCN) a décidé de dévaluer le naira en raison de la pression de prêteurs internationaux, de la pénurie de dollars américains et de la volatilité des prix du pétrole. La dévaluation de la monnaie est un moyen utilisé par les banques centrales pour rendre les exportations et la monnaie plus compétitives, car elles deviennent moins chères à l’achat. Cela peut augmenter la demande et réduire le déficit commercial. Mais cela a la fâcheuse tendance de réduire le pouvoir d’achat et la consommation domestique.
La récente dévaluation du naira a propulsé l’usage des cryptomonnaies dans le pays. Chainalysis annonce que les volumes d’échanges sont passés de 684 millions de dollars en décembre 2020 à 2,4 milliards de dollars en cryptomonnaies en mai 2021. 32% des Nigérians utiliseraient des cryptomonnaies selon un sondage. De nombreux Nigérians se tournent ainsi vers le bitcoin et autres cryptomonnaies pour préserver leurs économies. On retrouve cette tendance dans d’autres pays en voie de développement.
Comment le bitcoin peut-il aider les pays pauvres ?
Près de 40% des adultes dans le monde ne possèdent pas d’accès à un compte bancaire. Le bitcoin représente un moyen d’augmenter l’inclusion financière des populations les plus pauvres en leur offrant gratuitement l’accès à un système de paiement international. Bâti sur un réseau distribué, ouvert, sécurisé et incorruptible, le bitcoin peut servir de substitut là où la monnaie a été détruite ou l’infrastructure bancaire est défaillante. Il permet de rétablir des échanges économiques locaux et internationaux sur la base d’une monnaie saine. Son réseau est ouvert un tous. Il suffit de télécharger et utiliser un portefeuille numérique bitcoin à l’aide d’une connexion internet. Bitcoin pourrait à termes contribuer à l’augmentation du PIB des pays les plus pauvres. Grâce à une politique monétaire stricte, transparente et prévisible, le bitcoin peut servir de réserve de valeur contre l’inflation, l’hyperinflation et la dévaluation de la monnaie, comme c’est déjà le cas dans de nombreux pays à travers le monde.
Conclusion : comment le bitcoin peut aider les pays pauvres ?
Sur le long terme, le bitcoin a le potentiel de soutenir le développement économique des pays pauvres. La transparence et la prévisibilité de son protocole sont idéales pour combattre la corruption tout en renforçant la confiance et augmentant l’inclusion financière des plus pauvres. En effet, d’après la Banque mondiale, 1,7 milliard d’adultes n’ont pas de compte bancaire. Les bonnes retombées de l’adoption du bitcoin au Salvador pourraient donner des idées à d’autres pays…
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